lundi 9 avril 2018

"Poèmes à Madeleine", Guillaume Apollinaire


Calligramme et poèmes à Madeleine


Calligramme d'Apollinaire écrit sur une écorce de bouleau et daté du 15 mai 1915

"C'est le 15 avril 1915 qu'Apollinaire écrit pour la première fois à Mademoiselle Madeleine Pagès, une jeune fille d'Oran qu'il a rencontrée le 2 janvier dans le train de Nice à Marseille. Cette correspondance amorcée sur un ton d'amabilité et de gentillesse prend bientôt un tour intime et passionné; Guillaume écrit presque tous les jours à Madeleine; en août il sera accepté par Madame Pagès comme le fiancé officiel de sa fille; il passera sa permission de détente du 26 décembre 1915 au 9 janvier 1916, à Oran chez les Pagès. Mais après sa blessure survenue le 17 mars 1916 et la trépanation qu'elle entraîna, il n'écrivit plus à Madeleine que quelques courtes lettres, d'avril à septembre 1916." (note de l'édition Pléiade - Gallimard)


Dans la lettre du 12 août 1915:

"C'est une nuit d'orage
Le tonnerre fait rage
La mitrailleuse aussi
Mais je suis bien ici
Je pense à vous ma fée
De raisins noirs coiffée"

Dans la lettre du 10 septembre 1915:

LUEURS

"La montre est à côté de la bougie qui végète derrière un écran fait avec le fer-blanc d'un seau à confiture
Tu tiens de la main gauche le chronomètre que tu déclencheras au moment voulu
De la droite tu te tiens prêt à pointer l'alidade du triangle de visée sur les soudaines lueurs lointaines
Tu pointes que cependant tu déclenches le chronomètre et tu l'arrêtes quand tu entends l'éclatement
Tu notes l'heure le nombre de coups le calibre la dérive le nombre de secondes écoulées entre la lueur et la détonation
Tu regardes sans te détourner tu regardes à travers l'embrasure
Les fusées dansent les bombes éclatent et les lueurs paraissent
Tandis que s'élève la simple et rude symphonie de la guerre
Ainsi dans la vie mon amour nous pointons notre coeur et notre attentive pitié
Vers les lueurs inconnues et hostiles qui ornent l'horizon le peuplent et nous dirigent
Et le poète est cet observateur de la vie et il invente les lueurs innombrables des mystères qu'il faut repérer
Connaître ô lueurs ô mon très cher amour"


Une biographie de Guillaume Apollinaire ( 1880 - 1918)

Aucun commentaire: