vendredi 29 décembre 2017

Kamel Khélif, "Romances de nuit" - 2016

Mardi, en fin de matinée, je suis retournée chez Kamel Khélif pour photographier ses dessins qui seront exposés pour le cinquantenaire de l'association Perspectives, du 25 janvier au 24 mars 2018 au Musée des Tapisseries, palais de l'Archevêché à Aix-en-Provence, dans la salle Gothique. Je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire, mais la somptuosité des dessins m'oblige à les partager. 


Il s'agit de 9 dessins (format 30 x 21 cm) qui seront présentés dans un grand sous-verre (100 x 70 cm). Kamel m'a précisé que l'ordre des dessins importe peu, mais qu'il a composé le panneau en fonction de la densité des dessins, réservant ceux dont la présence visuelle semble plus dense pour le bas et les plus légers pour le haut du cadre.  Parce qu'il n'y a pas, comme dans un livre ou une bande dessinée, un ordre narratif donné, chacun peut en imaginer un ou, pourquoi pas, considérer qu'à chaque battement de paupières, du noir profond de la nuit surgit une nouvelle image, comme une diapositive soudain éclairée.


Dans le noir intense et mat de la peinture qui recouvre la feuille, Kamel trace des arabesques et des volutes qui dans de subtiles nuances, du noir au gris et jusqu'au blanc, révèlent un dessin. Le même geste qui fait apparaître ce qui ressemble pour moi à une étoffe flottant dans l'immensité cosmique, soulevée, plissée et roulée par les vents, suggère que tout ce que l'on voit est porté par des courants et glisse dans l'espace comme un navire voyageant sur l'océan emporte ses passagers.    


L'étoffe est un voile qui drape les contours d'une forme tantôt humaine, tantôt animale, surgie d'on ne sait quel temps passé ou à venir. Leur matérialité semble éphémère, modelée par un vent qui métamorphose toute chose.  Dans ce visage de profil, il me semble déjà entrevoir un crâne venteux. La tête d'un cheval, ici, devient, là, une figure féminine à la proue d'un navire. Dans le dessin toutes ces têtes nez au ciel pointant vers les étoiles scrutent un destin qui est peut-être un déjà vécu, si on en croit les costumes témoins du temps jadis... Les histoires,  romances tapies dans la nuit d'un dessin bruissent au vent qui compose et décompose les mystères du monde et, nous le croyons, de la vie.








"Romances de Nuit", Kamel Khélif - 2016

Texte, Florence Laude

Kamel Khélif :
http://www.galeriebeatricesoulie.fr/kamel-khelif/

http://www.galerie-alain-paire.com/index.php?option=com_content&view=article&id=45:entretien-de-kamel-khelif-avec-alain-paire&catid=3&Itemid=4

http://www.fremok.org/site.php?type=P&id=44

https://imagesentete.blogspot.fr/2017/07/kamel-khelif-nuit-sans-faim-mercredi-12.html

1 commentaire:

pierre vallauri a dit…

Merci pour le partage
Que serait-ce si tu avais le temps...
J'ai hate de voir ce nouveau travail.
J'espére aussi, en ces temps de souhaits et de meilleurs voeux, que cette suite sera montrée en d'autres lieux et jusqu'à la galerie parisienne Béatrice Soulié.