dimanche 12 février 2017

Un article de Michel Morin à propos de l'exposition FAIS MOI UN SIGNE

Michel Morin nous a fait l'amitié d'écrire ses impressions au fil d'un parcours de l'exposition du Musée de l'Archevêché. Il m'autorise à le publier ici: 



Au Palais de l’Archevêché-Musée des Tapisseries : Fais–moi un signe.


              Au premier plan,  Pierre Vallauri La bonne direction possible

  Jusqu’au 19 mars le Palais de l’Archevêché accueille la nouvelle exposition d’art contemporain des Plasticiens de Perspectives. Jeudi soir avait lieu le vernissage de cette étonnante présentation. Plus de 350 personnes sont venues découvrir  les insolites rencontres qu’on pouvait faire dans la salle gothique du musée. Après avoir descendu quelques marches on se trouvait d’emblée sollicités par les  grandes affiches peintes de Raymond Galle, forêts cachant des mots disparus, exilés dans l’errance d’une mer brumeuse. On pouvait poursuivre en s’arrêtant sur l’image précieuse et discrète d’un livre brodé. Par contraste on se laissait alors attirer par un duel de signes mis en scène par deux personnages en élégants costumes de plumes pendant qu’au loin apparaissait un géant prostré en attente, signalé par une longue flèche clignotante. Un tableau invitait à la joie du partage entre un homme et une femme. Un doigt de fer pointé vers les images des agressions publicitaires dans la nuit  criait « réveillez-vous » La force nouvelle d’un ex-voto  dessinait une prière pour un regard. 
 Raymond Galle, Après les violences de la nuit
 Odile Xaxa  D'ombre
Jean-Luc Bibolini Réveillez-vous
 Lauretta Bosco et Gérard Rocherieux  Sans titre, La vie
 Jibé Assey  Le duel des signes
 Marcelle Benhamou, Ex-voto: prière pour un regard
                On pouvait aussi prendre l’autre allée  vers « ce côté- ci du monde » pour deviner l’appel des immobilisés. On s’engageait alors à questionner la gaîté d’une danse macabre ou la beauté énigmatique d’une cage à oiseaux ou à papillons appelant au chant mélancolique de John Lennon. On pouvait méditer sur  la fragilité des barques du salut en sable et en grillages. On se laissait capter par l’appel de mains sculptées emprisonnées et criant « liberté » dans le langage  des signes. Les traces ordonnées de l’encre sympathique esquissaient des partitions qui attendaient le musicien. Des livres noirs brulés  invitaient à  lire et rechercher ce que dit « fais-moi un signe. Un  kaleidoscope rassemblait l’impétuosité heureuse-malheureuse des images du temps subjectif .

Pierre Paindessous, Signe signe
              
Gilles Schneider, Ebauche d'une partition
Marie-Christine Rabier, Danse macabre

Viviane Jouvenot, Fais moi un signe



Jane Deste, ...juste un signe 



Florence Laude, Fais moi un signe


              Dans la très riche variété  des supports et des choix de la création, des œuvres en séries invitaient le visiteur à approcher la recherche dans la production artistique. Un peintre présentait 7 esquisses sur le sculpteur du Triomphe de la République, Aimé Jules Dalou. 7 tableaux de femmes sur fond noir se détachaient sur un mur blanc. Leurs yeux fixaient le spectateur et leurs mains étaient porteuses d’une carte retournée. Cette carte pouvait être identifiée dans les  arcanes du tarot de Marseille. Les 7 tableaux présentaient en transparence des images effacées de l’histoire de l’art. 21 mains illustraient avec précision le geste graphique du dessin. Quatre photographies en deux diptyques montraient la brutalité du passage de l’animal à sa consommation proprement empaquetée de plastique et ce parcours à étapes se terminait dans une cabane noire fermée où se jouait en bruits et en zapping l’expérience éprouvante et pourtant tragiquement comique  de l’invasion et de la confusion des signes.
 Cagliari, De ce côté-ci du monde Rien que l'appel
 Claude Bernus, Série 7 esquisses sur Dalou 

 Dominique Lepage, Ideal Animal 
 Méliné Seghomonian, Sequenza 
 Delphine Moniez, Sans titre
 Raphaël Morin, Le dessous des cartes
 

                Au soir du vernissage, la rencontre des signes était balisée par de jeunes acteurs en chair et en os, tous vêtus de t-shirt blanc, statufiés et porteurs de curieuses pancartes sur lesquelles était écrit « faites moi un clin d’œil », « faites moi coucou », « tirez une carte » « Frappez dans vos mains ». Ces injonctions entraînaient des réponses mimées. Les jeunes comédiens de la Compagnie d’Entraînement du Théâtre des Ateliers d’Alain Simon s’étaient fondus dans l’espace d’exposition pour mieux faire signe aux arrivants. 

Jordi et Jean-Marie Gleizes , Vidéo image et son


Laure Rivoal, série Marionnettes  


Les jeunes comédiens de la Compagnie d'entraînement du Théâtre des Ateliers d'Alain Simon (ces deux photos sont empruntées à Marie-Agnès Chaléas)


Après quelques minutes ils se rassemblèrent en levant leurs pancartes et en cortège amenèrent les visiteurs  dans l’espace de départ où après une chorégraphie collective ils disparurent pour laisser place  aux discours d’accueil de la directrice du musée Valérie Brotons et de la présidente de Perspectives Jeanine Mège. Il devint clair alors que ce vernissage n’était qu’un début. La transdisciplinarité marquant le rassemblement des plasticiens allait se prolonger jusqu’au 19 mars par de nombreux événements présentés sur des dépliants-flyers. Ces événements allient spectacles et conférences en  faisant appel à la musique, au cinéma, à l’architecture, la poésie, la choréologie, la danse, la littérature,  la linguistique.   

Michel Morin (6 février 2017)

Pour retrouver le programme des manifestations:
http://imagesentete.blogspot.fr/2017/01/fais-moi-un-signe-demandez-le-programme.html

Article Michel Morin - Photos Florence Laude et Marie-Agnès Chaléas

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