jeudi 26 février 2015

Banksy dessine sur les murs de Gaza et produit une vidéo pour dénoncer ce qu'endurent les gazaouis


C'est une info de Libération qui m'a été transmise. L'artiste Banksy s'est rendu à Gaza pour y réaliser des peintures sur les murs en ruine et dénoncer la situation des habitants, dans ce territoire.

 Parmi ses dessins, certains  témoignent de l'affliction des hommes et des femmes,  mais  d'autres semblent  s'adresser gentiment ( au premier regard, seulement !) aux enfants. 


On  trouve, par exemple,  ce manège de foire ( que j'ai mis en tête de l'article)  où des enfants tournoient allègrement, on devine leurs rires et leurs cris joyeux au son d'une musique entraînante, sauf que ce n'est pas un mât de foire, c'est une tour de guet, les silhouettes se découpent en noir sur un mur gris, infranchissable qui les sépare à jamais d'une enfance sereine et insouciante telle qu'on la souhaite pour nos enfants.  

 Il peint encore un gros chaton tout mignon, avec un joli noeud rose autour du cou  (un peu dans le genre Hello Kitty) , sur le pan de mur d'un édifice en ruine ( on le verra dans la vidéo ci-dessous)  . Si ce graff semble un mauvaise blague dans ce contexte, c'est que son message joue sur l'ironie grinçante ... Peut-être que les enfants de Gaza seront un peu émus de contempler le chaton inoffensif au regard doux, mais c'est surtout à nous, occidentaux, que Banksy  s'adresse : «Un habitant est venu me voir et m’a dit "s’il vous plaît, qu’est-ce que ça veut dire ?" Je lui ai expliqué que je voulais souligner la destruction de Gaza en publiant des photos sur mon site, mais que les gens sur Internet ne regardent que des photos de chatons.»

Il a également ramené des images qu'il a monté dans une vidéo parodiant les slogans publicitaires des compagnies de voyage :  "Make this the year you discover a new destination" ( faites de cette l'année, celle qui vous fera découvrir une nouvelle destination) .  Gaza, un pays de rêve? Une destination de charme ?  En surimpression des images, on lit : «les habitants aiment tellement cet endroit qu’ils ne le quittent jamais» ...  «car ils n’en ont pas l’autorisation» ... 



En ouverture, et parce que Banksy nous interpelle, nous, adulte, avec ces images d'enfants auxquels on a non seulement volé leur enfance, mais aussi leurs perspectives d'avenir, je voudrais citer ce texte d'Antoine de Saint-Exupéry relu récemment, tiré de Terre des Hommes (1939).


Je m’assis en face d’un couple. Entre l’homme et la femme, l’enfant, tant bien que mal, avait fait son creux, et il dormait. Mais il se retourna dans le sommeil, et son visage m’apparut sous la veilleuse. Ah ! Quel adorable visage ! Il était né de ce couple-là une sorte de fruit doré. Il était né de ces lourdes hardes cette réussite de charme et de grâce.
 Je me penchai sur ce front lisse, sur cette douce moue des lèvres, et je me dis : voici un visage de musicien, voici Mozart enfant, voici une belle promesse de vie. Les petits princes des légendes n’étaient point différents de lui : protégé, entouré, cultivé, que ne saurait-il devenir ! Quand il naît par mutation dans les jardins une rose nouvelle, voilà tous les jardiniers qui s’émeuvent. On isole la rose, on cultive la rose, on la favorise. Mais il n’est point de jardinier pour les hommes. Mozart enfant sera marqué comme les autres par la machine à emboutir. Mozart fera ses plus hautes joies de musique pourrie, dans la puanteur des cafés concerts. Mozart est condamné.
 Et je regagnai mon wagon. Je me disais : ces gens ne souffrent guère de leur sort. Et ce n’est point la charité ici qui me tourmente. Il ne s’agit point de s’attendrir sur une plaie éternellement rouverte. Ceux qui la portent ne la sentent pas. C’est quelque chose comme l’espèce humaine et non l’individu qui est blessé ici, qui est lésé. Je ne crois guère à la pitié. Ce qui me tourmente, c’est le point de vue du jardinier. Ce qui me tourmente, ce n’est point cette misère, dans laquelle, après tout, on s’installe aussi bien que dans la paresse. .. Ce qui me tourmente, les soupes populaires ne le guérissent point. Ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur. C’est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné.
Seul l’Esprit, s’il souffle sur la glaise, peut créer l’Homme.
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L'article d'Alexandre Hervaud ( Libération)  que j'ai consulté se trouve dans le lien ci-dessous:
http://www.liberation.fr/monde/2015/02/26/gaza-sous-les-bombes-de-banksy_1210185?utm_source=Facebook&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social

Les photos et la vidéo sur le site de Banksy :
 http://banksy.co.uk/

Un site en français sur Banksy:
 http://www.banksy-art.com/

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