jeudi 6 février 2014

J'ai tant rêvé de toi, adaptation d'un poème de Robert Desnos par Michel Corringe

Un album enregistré en 1978.
Pour en savoir plus sur l'artiste, Michel Corringe.

Le poème de Robert Desno, publié dans Corps et biens, 1930.


Mes préoccupations actuelles sont aussi de préparer un cours pour des élèves de BTS sur le sujet : Cette part de rêve que chacun porte en soi.  Cela oriente forcément ma curiosité. Ce poème de Desnos, mort du Thyphus à Theresienstadt quelques jours après la libération du camp, le 8 juin 1945, aurait été retrouvé sur lui par un étudiant, Joseph Stuna (on peut en trouver le récit au bas de l'article,) ...

J'ai tant rêvé de toi


J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'a être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.
Robert Desnos, "Corps et biens".

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