vendredi 22 avril 2011

prendre l'air - Perspectives 2011

Prendre l'air, l' exposition des artistes de Perspectives, au château de Bouc-Bel- Air vient de s'achever. L'artiste Daniel Graffin en était l'invité d'honneur. Il présentait entre autres, cette vidéo dans laquelle on peut suivre les étapes de la mise au vent de quatre cerfs-volants, reconstitutions imaginaires des coiffes des "Ambassadeurs" de la fresque X de Piero della Francesca de légende de la vraie croix. (on peut lire une information sur ces fresques de Piero de la Francesca ICI ). Dans la continuité des deux années précédentes consacrées aux thèmes de l'eau et de la terre, les artistes ont travaillé sur le thème de l'air .
Pierre Vallauri présente Ergo-sum une pyramide de poches gonflées d'air, figurant tout autant l'air indispensable à la vie terrestre comme à la respiration humaine que le besoin spirituel de d'élever son esprit ne serait-ce que par des jeux de mots ou d'esprit ... Sans doute s'agit-il d'inviter le spectateur à une ivresse poétique ? Jane Deste, assemble le bois et les tiges métalliques dans une pas de danse pour fleurs et papillons aussi légers que des souhaits de jeune fille en fleur. La verticalité, la transparence, la finesse et la flexibilité se conjuguent pour suggérer le mouvement aérien d'un pas de deux. Delphine Poitevin présente plusieurs séries de dessins imprimés sur papier calque. Un dessin d'une grande délicatesse et d'une force qui modèlent leurs contours sans traits à des volumes, des éclaboussures, des envolées de matières qui paraissent tour à tour des poussières, des brindilles, des feuillages, des boursoufflures. Elle fait percevoir le déplacement d'objets, de traces minuscules portées par l'air.
Le mouvement comme le volume semblent prendre corps sur ces plans à peine opaques, un peu transparents, toujours en demi-quelque-chose qui ne peuvent se figer ni s'arrêter à une seule interprétation. C'est une dimension du travail de Delphine Poitevin que de laisser toujours en suspens, planer un doute, léger, dont les retombées semblent incidemment laisser une trace sur le papier. Comme si le dessin était passé à travers lui et dans ce mouvement avait laissé une empreinte visible et éphémère. Raphaël Morin crée une série intitulée "voler l'air des grands" et emprunte aux autoportraits des peintres Rembrandt, Van Eyck, Raphaël et Courbet. Par un subtil jeu de superpositions de clichés photographiques et de calques il greffe leurs visages sur des silhouettes tout à fait contemporaines, peut-être la sienne ? Cherche-t-il lequel de ces peintres - et pourquoi pas les quatre à la fois- puisqu'on retrouve dans les superpositions successives des emprunts à toutes les images- pourrait revendiquer sa paternité, sinon biologique du moins artistique? Voler l'air des grands ou chercher à se situer dans un héritage artistique, une lignée ...? Le propos ne manque ni d'allure, ni de perspectives ! Les impressions sont réalisées sur papier, grandeur nature.
Jeanine Cagliari, techniques mixtes, photos, rhodoïd , feutre, poil de chat et plexi .... ce feuilletage d'impressions légères suggère le mouvement continu, la profondeur d'un appel d'air.

Dans cette salle, sur le mur à gauche sont exposées trois photos de Sonja Froment, prises aux abords de Fos-sur-mer. Air saturé de fumées s'échappant des fûts métalliques des usines et des raffineries installées autour de l'étang de Berre et, au premier plan, une silhouette angélique du sculpteur Igor Mitoraj semblant contempler avec désolation l'inconscience des hommes.
Une sculpture de Marie-Christine Rabier, en acier découpé au plasma suggère une danseuse torse nu dansant dans ses voiles à la manière d'Isadora Duncan. C'est Psyché, épouse d'éros, personnification de l'âme représentée avec des ailes de papillon. D'autres Sculptures représentant expressément des papillons de diverses tailles figurent dans les travaux présentés par Marie-Christine Rabier pour ce thème sur l'air. Ce sont autant les vides que les pleins qui donnent leur beauté par leur légèreté à l'oeuvre, de même que les fines attaques de l'acier par la technique de la découpe au plasma.
Sur le panneau de droite, un fusain de Bernard Deschanel évoque deux figures pâles sur un fond sombre, évanescentes.
Anna Ostrowska, triptyque à l'acrylique sur papier marouflé. La matière et la couleur comme la forme sont là pour suggérer la bulle d'air, l'atmosphère qui entoure la planète bleue, mais pas seulement. Chacun pourra percevoir dans ces trois états, comme trois étapes d'une histoire de l'univers? Comment rendre l'invisible visible ? Anna est une des rares artistes de l'exposition à avoir, cette année, travaillé sur le thème en utilisant la peinture.

La plupart des artistes invités ont eu recours à des procédés où le geste, le faire, relayé par la technicité de la photo, de l'ordinateur ou de l'impression, était mis à distance, créant une sorte de sas entre le projet et sa réalisation, conférant peut-être ainsi, en même temps qu'une esthétique rigoureuse, contemporaine, propre et lisse une atmosphère un peu feutrée à l'ensemble de l'accrochage. Il faut noter aussi une majorité de travaux en noir, blanc et gris où la couleur intervient parfois comme une ponctuation qui ne viendra pas rompre une apparente tranquillité.


Gilles Schneider, gravures rehaussées de crayon. Circulation de l'air entre les couches et les espaces. Serait-il inconvenant évoquer ici un travail qui se voudrait apporter un souffle d'oxygène ?

Bien d'autres artistes dont Gérard Berne, Renaud Cayla, Ninon Anger, Brigitte Bled, Florence Marcombe et Fumika Sato présentent aussi des travaux que je n'ai pas montrés ici, mais qui participent par le biais de photos, de dessins à l'encre chine, de collages et de vidéo à explorer la notion de "prendre l'air" de manière tout à fait intéressante et personnelle. Ainsi, Ninon Anger invite le regardant à souffler n'est pas jouer avec son oeuvre constituée d'un assemblage de feuilles de papier à rouler des cigarettes - le papier bolloré gommé OCB - dont la blanche légèreté s'affole au moindre souffle d'air.

On pourra retrouver les travaux de ces artistes dans les mois à venir, sur Aix et sur Peyrolles.
Le quatrième élément, le feu, sera le thème des expositions 2012.

2 commentaires:

pierre vallauri a dit…

Florence, un grand merci pour être le témoin critique de cette exposition à laquelle je regrette encore une fois que le jury n'est pas sélectionner ton trabvail.
Mais dans l'expo collective nous aurons le plaisr partagé d'être tous réunis.

Gustav a dit…

Beau travail, bravo à tous ces artistes!