vendredi 30 décembre 2011

ever lasting love in Paris ?




J'ai pris cette photo des cadenas du Pont des Arts à Paris pour le rapprochement des plans que je trouvais irrésistiblement drôle : au premier, les cadenas sur lesquels sont gravés les noms des amoureux qui sont passés par Paris et à l'arrière plan, le panneau publicitaire de l'horloge, sorte de démon chrono(love)phage ...

Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi!
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;

Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.


Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote: Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!


Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!


Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.


Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh! la dernière auberge!),
Où tout te dira Meurs, vieux lâche! il est trop tard!"

Charles Baudelaire

mardi 27 décembre 2011

le petit traité du plaisir, de et avec nicolas raccah

Il y a quelques semaines, j'ai vu ce spectacle chez Doris Salomon, à Miramas le Vieux et j'ai été enthousiasmée par les textes choisis et la manière dont Nicolas Raccah a réussi à en faire une pièce en cinq actes, extrêmement réjouissante ... (jeux de mots compris!)

Il se produira le 14 janvier 2012 à Martigues, une occasion d'aller l'entendre ...
à 11 h au restaurant La cour du Théâtre
à 19h à la Librairie Alinéa

Voici comment Nicolas Raccah présente son Petit Traité du Plaisir : (il) est un objet théâtral délibérément non identifié, drôle et sulfureux, qui traîte de l'érotisme et du "petit plaisir" dans l'une des plus belles langues qui soit: la langue française du XVIème siècle.
Créé à partir de poésies érotiques de la Renaissance, particulièrement piquantes et osées, truculentes mais jamais obscènes, ce spectacle nous convie à suivre le mouvement d'une passion charnelle, depuis les prémisses du désir jusqu'à "la petite mort" proprement dite, dans une comédie en cinq actes où rayonne la liberté et le rire.
Les poèmes de Rémi Belleau, Olivier de Magny, Marc Papillon de Lasphrise, Malherbe, Marot... s'appliquent à chanter "la chose" et combien on aime la pratiquer dans une musicalité inouïe et une joie communicative :toutes les ressources de l'esprit sont ici mises au service du corps dans un monumental pied de nez à l'obscurantisme et aux censeurs qui reprendront la main au siècle suivant. On retrouve alors une époque où faire l'amour n'était ni trop sérieux, ni trop coupable, où les corps remercient Dieu en s'unissant, où l'intelligence pouvait magnifier le sexe plutôt que le dédaigner, et où le plaisir charnel savait résonner chez les poètes jusque dans la jouissance des mots.
Etant donné le propos et même si le spectacle n'est absolument pas obscène, il reste destiné à un public adulte et averti.

Théâtre des Salins - 19 Quai Paul Doumer - BP 60075 - 13692 Martigues
www.theatre-des-salins.fr
consulter le site en cliquant sur le lien pour plus de renseignements!
tél réservations: 04 42 49 02 00

J'ai demandé à Nicolas Raccah de présenter le spectacle chez moi, ce qui se fera certainement courant du mois de mars quand nous aurons trouvé une date ... je vous avertirai alors pour vous proposer de voir ou de revoir cette pièce poétique.

lundi 26 décembre 2011

asaf avidan, the ghost of a thousand little lies


Asaf Avidan, auteur interprète et musicien israélien a d'abord travaillé dans le cinéma d'animation. C'est en 2006, à la suite d'une rupture amoureuse, qu'il écrit, compose et fait des tournées solo en Israël. Il rencontre quatre musiciens, les Mojos avec lesquels il crée le groupe Asaf Avidan et les Mojos. Je connais deux de leurs albums, The Reckoning sorti en 2008 et le dernier, Poor Boy, Lucky Man, excellents tous les deux. La première fois que ma fille m'a fait entendre une chanson en blind test, j'ai cru entendre Janis Joplin... et j'ai appris depuis que c'est une comparaison qui est souvent faite. Il faut dire que les influences sont là... de même que celle de Bob Dylan et bien d'autres, mais avec un style et des choses à dire très personnels ... Aux dernières nouvelles, le groupe ferait une pause .... espérons qu'elle est créative !

asaf avidan, the devil and I


à lire ici un article dans Ouest-france du mois de juillet 2011, Aux Vieilles Charrues ...
Qui sont les quatre musiciens (et choristes) des Mojos? Ran Nir – basse , Yoni Sheleg – batterie, Roi Peled – guitare, Hadas Kleinman – violoncelle.
Et parmi les morceaux de choix, à signaler Your Anchor , My favourite clown ....

dimanche 18 décembre 2011

entretien avec A. Clif , la vie inscrit le temps

Jusqu'au 31 décembre, A. Clif expose dans le cloître des Oblats, en haut du Cours Mirabeau, à Aix-en-Provence, des travaux sur la terre et une série de neuf panneaux sur la maternité. Rencontre singulière, à première vue, entre les grandes huiles sur toile, minérales, explorant le processus de formation des failles, des plis géologiques de la croûte terrestre et l'enveloppe charnelle d'une jeune femme qui s'arrondit autour de la vie qui prend corps et forme en elle.
f.l. -Pourquoi avoir associé les travaux sur le minéral à ces neufs panneaux sur le corps transformé par la maternité ?
A.Clif - En septembre dernier, Dominique Dessolin, aumônier des artistes, dépendant de l'église des Oblats d'Aix, est venu visiter mon atelier. Je venais de terminer mon travail sur la maternité. Il connaissait, pour les avoir vus dans ma dernière exposition à Trets, mes toiles sur Terra Mater, notre mère la terre. C'est de lui que vient l'idée d'exposer conjointement une série de tableaux sur la terre, sa construction géologique et un ensemble de neufs panneaux présentant l'évolution d'un corps féminin durant les mois de gestation. Ce travail sur la maternité est à voir non seulement en tant que nativité, mais aussi en tant que construction de l'homme, construction de notre intériorité. Chacun de nous doit pouvoir se projeter dans ce processus représentant en quelque sorte l'émergence de notre intériorité, sa maturation et enfin l'expression que nous lui donnons par la place que nous occupons dans la société. A l'entrée de l'exposition, Dominique Dessolin a écrit " A. Clif nous propose une contemplation avec pour support la thématique de la peau. La peau comme le lieu de l'émotion, mais aussi le lieu de la frontière entre le visible et le tangible". C'est lui qui a fait le lien entre la terre, écorce, croûte terrestre et la peau qui recouvre le corps.
f.l. - Peux -tu expliquer comment tu as procédé pour créer ces neufs panneaux sur la maternité?
A.Clif - Une jeune femme que je connaissais a accepté de poser. Chaque mois de sa grossesse nous nous retrouvions pour une séance de dessins. J'inscrivais ainsi sur le papier, la trace, la mémoire de cette métamorphose du corps mois après mois, étape après étape. Le visible d'un processus invisible mais néanmoins réel d'une vie qui se formait à l'intérieur d'elle. J'avais, au début de nos rencontre, pris des photos de sa peau, des gros plans de son épiderme, une palette d'échantillons de peau que j'ai imprimés sur du papier rhodoïd. J'ai ensuite découpé et collé ces morceaux de peau comme des morceaux de puzzle pour habiller mes dessins réalisés sur papier calque d' une enveloppe charnelle. A l'issue des neufs mois, j'ai fait encapsuler mes dessins. Ils sont ainsi préservés et présentables.
f.l.- Les matériaux employés pour ce travail sont singuliers, tous concourent à créer des images translucides, comme si tu enlevais à la peau son opacité pour donner à voir au delà de l'apparence ?
A. Clif. - Oui, j'ai écrit, pour présenter mon travail, " faire parler le support translucide laissant passer la lumière, pour traduire le rapport entre le corps et l'esprit impalpable. Le support contient et révèle le corps qui évolue à chaque étape de cette maternité".
f.l. - Qu'est-ce qui est à l'origine de ce travail sur le corps ?
A.Clif.- J'ai participé avec l'association Perspectives, il y a quatre ou cinq ans , à l'exposition A Fleur de Corps. A cette occasion, j'avais expérimenté un travail sur le corps à partir de photographies, ce travail a été remarqué ce qui m'a poussée à continuer une réflexion sur le corps, sur la peau mais aussi à détourner des photographies comme je l'avais fait à cette occasion. Donc, c'est ce travail précédent qui trouve un prolongement naturel, ici. En général, je trouve que le travail autour de contraintes proposées par des sujets de recherches comme le fait l'association Perspectives et les expositions, sont un moteur important dans l'évolution de mon travail, dans les directions que cela m'amène à explorer et à avoir envie de creuser. L'exposition est une révélation de mon parcours, à la fois la trace qui vient du passé et qui m'indique les directions à prendre pour le futur...
f.l.- Ce que tu montres ici, je veux dire les neufs panneaux, peuvent-ils aussi se regarder comme une métaphore de la création ...?
A.Clif.- Ce que je trouve important, c'est de lier la technique au message que je veux transmettre. Lorsque je peins la terre, je ne réalise pas un paysage. Ce qui m'intéresse, c'est le processus de création. Je travaille à partir d'huiles, de pigments, de poudres en suspension sur l'eau dans lesquels je plonge mes supports, papiers ou toiles. Je travaille sur la trace, sur la limite. Strate par strate mon travail s'élabore, c'est presque comme un rituel, une sédimentation. A la fin du processus, je laisse une place au blanc qui fait entrer une horizontalité dans mes constructions, les laissant voir parfois aussi comme des paysages, d'ailleurs bien davantage des paysages intérieurs que des paysages naturels observés ou "imités" !
f.l.- Quelles sont les directions que tu envisages à présent pour ton travail ?
A. Clif. - Une exposition c'est l'aboutissement de quelque chose et c'est aussi le déclic pour savoir où l'on veut aller ensuite. Les étapes qui m'ont motivée dans mon parcours, c'est d'abord mon père peintre, puis sans doute la rencontre avec André Gence qui m'a permis de faire un lien entre ma peinture et mon intériorité. Plus récemment, c'est Bernadette Clot-Goudard, présidente de l'association Voyons-Voir qui m'a aidée à construire ma démarche, à donner de l'importance à mes travaux préparatoires, à les envisager comme des étapes significatives vers un aboutissement et à diversifier mes techniques de réalisation. Toutes ces personnes que je rencontre, que ce soient les rencontres avec d'autres artistes ou les gens qui regardent mon travail lors des expositions m'aident à prendre du recul sur ma pratique et à percevoir les directions que je pourrais explorer. Actuellement, je sens que je suis allée au bout de ce travail de matière avec le minéral. J'ai envie d'aller vers quelque chose de plus léger. Peut-être d'explorer le végétal ....
Anne-Claude Ferdinand, A. Clif,
Née à Paris
Enseignante en arts plastiques
Médiateur culturel
Vit et travaille près d'Aix-en-Provence
Expose depuis 1995.
site A.Clif (cliquez pour y accéder)

jeudi 15 décembre 2011

quatre poèmes lyriques du XVIème siècle

Andrea Mantegna (1431- 1506)

Jean -Antoine de Baïf

Rossignol amoureux, ébat de la ramée,
Qui, haut ore, ore bas attrempant un chanter,
Possible comme moi essaies d'enchanter
Le gentil feu qu'allume en toi ta mieux aimée:

S'il y a quelque amour dans ton coeur allumée
Qui cause ta chanson, viens ici te jeter
Dans mon giron, afin que nous puissions flatter
La pareille douleur de notre âme enflammée.

Rossignol, si tu l'es, aussi suis-je amoureux.
C'est un soulas bien grand entre deux malheureux
de pouvoir en commun leurs malheurs s'entredire.

Mais, oiseau, nos malheurs, je crois, ne sont égaux,
Car tu dois recevoir la fin des travaux,
mais je n'espère rien qu'à jamais un martyre.


Sandro Botticelli

Jean Passerat

Ô bel oeil de la nuit, ô la fille argentée,
Et la soeur du Soleil et la mère des mois:
Ô princesse des monts, des fleuves, et des bois
Dont la triple puissance en tous lieux est vantée.

Puisque tu es, Déesses, au plus bas Ciel montée,
D'où les piteux regrets des amants tu reçois,
Dis, Lune au front cornu, as-tu vu quelquefois
Une âme qui d'Amour fût si fort tourmentée?

Si doncques ma douleur vient ton coeur émouvoir,
Tu peux me secourir, ayant en ton pouvoir
Des songes emplumés la bande charmeresse.

Choisis l'un d'entre tous qui les maux d'un amant
Sache mieux contrefaire, et l'envoie en dormant
Représenter ma peine à ma fière maîtresse.

Bartolomeo Veneto

Marc Papillon de lasphrise

Faites-moi chevalier, accolez-moi, ma belle,
Je l'ai bien mérité en ce combat dernier;
Qui s'est éprouvé brave en duel singulier,
Est digne de damer la simple damoiselle.

Mon savoir naturel, mon amour naturelle,
Ma gentille valeur redoutable guerrier,
Demande l'accolade, et le noble collier,
Non d'un roi, mais d'amour, qui tous les trois excelle:

Aussi qu'en ce bonheur, n'est fondé mon souhait,
Quelque affamé d'honneur, qui n'a jamais rien fait,
Riche, pourra l'avoir par faveur éblouie.

Je veux seul ce beau grâce, honorable toujours;
Sus, accolez-moi donc, afin que je me die
L'unique chevalier de la reine d'amours.


Marc Papillon de lasphrise

Ô qu'il est doux, le plaisant jeu d'aimer!
Qui eût pensé une telle délice?
Si c'est cela que l'on appelle vice,
Le vice ainsi joie se peut nommer.

Il fallait donc le faire plus amer,
Chagrin, pleurant, mauvais, plein d'artifice,
Non gai, riant, naturel, sans malice,
Comme est l'amour quand me fait enflammer.

Si le vice est d'avoir douce allégresse,
La vertu donc est pleine de tristesse,
"Chaque chose a sa contrariété.

Si vertu pleure et que le vice rie,
Le philosophe est gonflé de folie:
"Car rire duit à notre humanité.


mardi 13 décembre 2011

revoir les choses, dominique A



Cette vidéo est composée à partir des travaux du photographe Robert Parke Harrison. Paroles et musique, Dominique A.

jeudi 8 décembre 2011

en quête d'images


Bienvenue au blog (tout neuf) de l'ami sculpteur Pierre Vallauri que l'on peut visiter en passant par ici :

http://enquetedimages.blogspot.com/

et à retrouver dans la colonne de droite de ce blog...

En photo, une oeuvre d'Etienne Martin, le petit homme de la lune

mardi 6 décembre 2011

expo anne claude ferdinand , la vie inscrit le temps



samedi 10 décembre
à partir de 18h
au cloître des Oblats
54, cours Mirabeau.

Exposition du 9 au 31 décembre, tous les jours de 15h à 19h et le dimanche de 10h30 à 13h. Fermé le lundi.

Le soir du vernissage, performances créatrices et musicales de Danielle Laurent et Gilles Schneider.

samedi 3 décembre 2011

the sad ballad, "hurt", by johnny cash


Est-il besoin de présenter Johnny Cash, l'homme en noir ?
Né en 1932 dans l'Arkansas, mort en 2003 à Nashville dans le Tennessee, chanteur country et rock dont la vie a été retracée dans le film Walk the Line (titre de l'une de ses chansons) de James Mangold, sorti en 2005.

J'apprécie beaucoup l'esthétique de ce film, volontairement baroque, qui met en scène tout ce qui convient pour composer le tableau comme une Vanité du XVIIe.

Post-scriptum: suite au commentaire laissé par un supposé Trent Reznor je vous propose un lien vers un autre film montrant la même chanson Hurt, chantée en live par le groupe Nine Inch Nails, dont le chanteur Trent Reznor est l'auteur du titre repris par Johnny Cash : http://www.youtube.com/watch?v=WSH9CVlXWIg&feature=related
Libre à chacun de choisir sa version ...

samedi 26 novembre 2011

suite arlésienne vue par les lycéens de Fourcade

Lundi 21 novembre, les lycéens d'une classe de première du lycée Marie-Madeleine Fourcade de Gardanne se rendaient au musée Arteum de Châteauneuf-le-Rouge pour visiter l'exposition Suite Arlésienne.

Pierre Vallauri, le président de l'association du musée, était là pour les accueillir et pour répondre à leurs questions. Qu'il en soit tout d'abord remercié.

Pour préparer cette visite, j'ai réalisé un diaporama présentant l'évolution de l'art moderne vers des pratiques dites contemporaines constatant que l'art contemporain constitue un vaste champ d'expérimentations toujours en actions et en réactions, difficile, voire impossible à définir de façon précise et univoque.

Quel peut être le rôle de l'enseignant qui accompagne une classe d'élèves dans un musée? S'il est convaincu que l'art est une nourriture qu'il est indispensable de leur offrir, comment le mettre à leur portée, comment les y amener? Faut-il apporter ce que l'on peut d'informations pour accomplir un rôle éducatif et laisser le contact des dessins, des peintures et des sculptures faire le reste ? Il nous est toujours demandé de justifier l'objectif pédagogique de nos projets.

Durant la projection du diaporama les lycéens ont manifesté beaucoup d'enthousiasme pour l'art des années 60 , le Pop-Art avec Andy Warhol, Roy Lichtenstein, puis Robert Rauschenberg et pour finir, Jean-Michel Basquiat. Leurs oeuvres leur parlent, ils les connaissent, les apprécient ... Pas pour Basquiat. Mais en le rapprochant de l'art de la rue... ils ont accroché...Ils étaient pleins de questions auxquelles je n'ai pas eu le temps de répondre, interrompue par la sonnerie de fin de classe. Je me suis dit qu'il faudrait aller plus loin et trouver une occasion d'approfondir sur cet artiste. J'ignore si j'en aurai le temps.

Une question a fusé: est-ce que ce que nous verrons au musée ce sera pareil? Non, ce ne sera pas pareil parce que ce ne sont pas les mêmes artistes, ils n'ont pas la même histoire, ils n'ont pas le même genre d'expression, mais oui, parce que comme ces artistes que je viens de vous montrer, ils sont des hommes et des artistes de leur temps, ils ont "fréquenté" ces oeuvres, ils ne peuvent pas les ignorer et ils traduisent comme eux, une façon de se frotter au monde contemporain, à l'Histoire avec un grand H. et à leur petite musique personnelle...

Je retranscris à présent ce que les élèves ont bien voulu me dire et m'écrire sur les oeuvres des quatre artistes, Gabriel Delprat, Gérard Eppelé, Michel Houssin et Heribert Maria Staub.

Une discussion collective laisse apparaître que ces adolescents préfèrent les représentations figuratives et sont plutôt déroutés par ce qu'ils appellent l'art abstrait ou les oeuvres auxquelles ils ne parviendraient pas à donner un sens immédiat. Il est important pour eux de ressentir des émotions positives et d'écarter ce qui est douloureux ou triste. Ils apprécient un travail pour sa qualité d'exécution. Dire que l'artiste a une excellente maîtrise du trait et peut représenter le réel de façon juste et avec talent a souvent été entendu. Je leur ai dit que leur point de vue serait respecté et que nous le considérions comme valable et porteur de sens, un témoignage qui compte. Il ne s'agissait pas de juger leurs propos, mais de laisser s'exprimer ceux qui le voudraient bien.


Je retranscris un florilège de phrases, de mots, de remarques recueillis pour chacun des artistes ...

Les Foules. "En haut, quelques points, taches, traits qui deviennent progressivement des femmes, des silhouettes et des visages. Impression de mouvement, bousculade, dessin très réaliste, sûrement inspiré de photos".
"J'aurais aimé partir avec ces grands dessins de Michel Houssin, Les Foules, j'ai été touchée par l'émotion des visages des personnes représentées, par les détails "si petits". Je suis restée médusée devant ces dessins; chaque fois qu'on regarde, on voit un détail de plus et chaque détail a son importance. Ainsi, si je l'avais chez moi, je pourrais en apprendre tous les détails et me surprendre chaque jour à en trouver un nouveau".
"On suffoque devant ces dessins de foules".
"je pense que les dessins de Michel Houssin révèlent la diversité de l'être humain dans le monde et nos différences".
"Je repartirais avec les Foules de Michel Houssin car ce tableau m'inspire la diversité, le non conformisme qui est très important à mes yeux. Mais il me fascine aussi au niveau des détails. Ce tableau représente pour moi la force de la différence car toutes les personnes représentées ne forment qu'un".
"Les dessins de Michel Houssin révèlent la beauté de l'homme dans sa pureté lorsqu'il représente des femmes nues, dans son âge lorsqu'il représente sur de grands formats de vieilles femmes marquées par le temps, enfin dans son unicité lorsqu'il dessine des foules d'hommes et de femmes tous différents les uns des autres avec le soin du moindre détail, pour, petit à petit, à mesure que l'on recule dans la foule, les figurer tous semblables et tous égaux. Ce sont des visions joyeuses et positives de l'homme".
"Le tableau qui m'a le plus touchée s'appelle "Carole nue". A travers le papier on arrive à ressentir la sérénité de la jeune femme. Les traits sont tellement proches de la perfection qu'on la confondrait avec une photographie. Michel Housin a réussi à retranscrire les reliefs dans son dessin, surtout au niveau du ventre de la jeune femme. les jeux d'ombre et de lumière sont magnifiques. Pour moi, ce tableau est synonyme de pureté".
"le tableau du vieil homme me donne confiance en l'âge, il est apaisant".
"Il ne termine jamais entièrement le corps de ses personnages ce qui fait qu'il n'utilise pas tout l'espace de ses papiers".
"Plus on s'éloigne (des Foules) plus les personnages se noient dans la masse, se confondent. Cela m'inspire une profonde critique du conformisme de la société d'identité de masse qui est la nôtre. Mais lorsqu'on s'approche et qu'on regarde avec attention, on remarque que chaque visage a un caractère qui se voit sur son visage, qui lui est propre, ce qui me semble être l'illustration d'un conformisme superficiel qui efface nos personnalités".


"je repartirais avec les Nuages de Michel Houssin, cette oeuvre est très subjective (ou suggestive?), elle nous laisse imaginer ce que l'on veut dans un nuage".


"si je pouvais partir avec une oeuvre, ce serait Grosse Tête de Michel Houssin car je trouve que le visage de la vieille dame est très expressif et en même temps très beau, il travaille beaucoup sur les détails, les rides".

"Je voudrais repartir avec le dessin de l'oeil d'Inès car j'aime beaucoup le regard, on apprend beaucoup dans les yeux".
L'homme en équilibre sur un pied, de Gérard Eppelé "représente la chute quand il est tombé de son arbre, la couleur noire, des traits plutôt brouillés qui montrent le déséquilibre".

"Cette oeuvre, l'homme en équilibre sur un pied, me plaît parce qu'à mes yeux elle est jolie, mais je n'ai pas vraiment de raison à donner".

"L'homme en équilibre sur un pied me fait penser à un homme qui est un peu fragile... il tombe".
"L'artiste ( Gérard Eppelé) s'attache à des faits historiques, il dessine des situations douloureuses, l'esclavage ?"
"Gérard Eppelé représente des hommes à l'apparence affaiblie, mutilés ou en difficulté. Dans le thème de la guerre, il dépeint les horreurs dont l'homme est capable et ce qu'il s'inflige à lui-même. C'est une vision péjorative de l'homme..."
"La main mutilée, le peintre, Gérard Eppelé, a été marqué par la guerre. Ses tableaux sont donc très noirs, très sombres. Cette main semble représenter la douleur, la souffrance, la guerre".

"Je trouve ce tableau triste mais profond, il dégage un sentiment de mal-être. Mais je voudrais le garder car il signifie quelque chose que l'on ne doit pas oublier, la tristesse fait partie de la vie".
"Eppelé nous livre, spécialement dans ses dessins de grands formats tels que le Reliquaire, une vision sombre et violente du genre humain. Il fait apparaître des hommes décharnés, terrifiés. La guerre. La mutilation. Peut-être ces images accusent-elles notre inextinguible violence ?".

"Cette oeuvre (le Reliquaire) est à mes yeux la terreur personnifiée. On ne discerne pas les visages des personnages, ils paraissent malades et il s'en dégage un vent glacial et apocalyptique qui ne me plaît pas. Le monde est assez noir pour que ces personnes qui ont l'art et la vie au bout des doigts ne le fassent pas sombrer davantage...voilà ce que je ressens".
Heribert Maria Staub.
"Comprendre ses oeuvres demande un grand travail d'observation et de réflexion".
"Il représente un oiseau en train de voler, de planer. C'est abstrait et figuratif en même temps. Cela évoque la liberté, la pureté et la couleur blanche du plâtre, la colombe ? "
"J'ai choisi le coq car il se rapproche de la réalité mais garde cependant un côté abstrait".
"Les animaux mythologiques, le phoenix, le centaure, Triton, mais aussi le Taureau, la nature sauvage, violentés par leurs postures en action. Une sensation de mouvement brusque et violent".

"Lorsque j'ai vu cette sculpture, je dois dire qu'immédiatement j'ai pensé à un Phoenix. La sculpture est majestueuse et gracieuse, tout comme l'image que j'ai d'un phoenix. Le bronze ajoute un aspect authentique qui conserve le mythe d'un tel oiseau".
"Il faut avoir beaucoup d'imagination pour voir ce qu'il (Heribert Maria Staub) a voulu sculpter. Heureusement qu'il y a de petites plaques (cartels) avec le nom des oeuvres".

"J'ai choisi la Chouette, c'est une sculpture très géométrique qui ne représente pas directement une chouette, toutefois on reconnaît l'animal grâce à sa forme générale".
Les oeuvres de Gabriel Delprat, ici les Plis et Replis . "Gabriel Delprat travaille de ses mains pour fabriquer les matériaux qu'il utilise et qu'il fait lui-même, du pinceau jusqu'au papier. Ce grand contemplatif utilise la peinture acrylique pour ses inventions. "
"On voit un homme (dans ces peintures de Gabriel Delprat) que l'on peut désigner comme étant Vincent Van Gogh, qui se mutile en se coupant l'oreille droite avec un couteau. Ce sont les tableaux qui m'ont le plus choqué parmi les oeuvres de cet artiste".
Van Gogh, "Quatre tableaux figurant Van Gogh se coupant l'oreille. Il en ressort de la violence, rendue par des traits de peinture aléatoires et des taches éparses".
"Le travail du paysage et l'exploration des territoires occupent une grand place dans son métier ( celui de l'artiste Gabriel Delprat) , ainsi, la plaine de la Crau, les marais salant de Camargue et même les platanes de la ville d'Arles. Je choisis l'enjambée (en huit tableaux) car je trouve que la couleur et ce que rapportent ces tableaux (les noms des ouvriers agricoles, les noms de lieux, les bottes pour marcher dans les prés) sont curieux. La façon de les avoir composés avec des découpages et des collages apporte une originalité plaisante et surprenante. Ce travail au premier abord étrange est en vérité réfléchi et pensé de manière judicieuse !"

"J'aimerais repartir avec l'enjambée de Gabriel Delprat car son originalité et sa grande recherche dans la composition m'ont captivée et intriguée".
"Bien que l'artiste ait découpé son oeuvre pour en créer de nouvelles, il y a une continuité dans chaque tableau".

Les Pins , "oeuvre composée de traits violents et épais, mais dans chacun de ces dessins on peut trouver un élément de douceur, simple et apaisant, d'un homme qui lit ou qui écrit".

Un élève écrit encore, parlant plus généralement de l'ensemble de l'exposition : "malheureusement ou non, je ne repartirais avec aucune de ces oeuvres. Leur noirceur et leur tristesse m'horrifient et me déplaisent. Pour moi, l'art signifie la vie et la couleur. Un ensemble d'éléments qui éclairent la vie...."

Merci à Roxanne, Clara, Pierre, Manon, Florian, Marie, Fanny, Maëva, Juliette, Léa, Rosalie, Sébastien, Lou, Marie, Mathis, Elise, Christophe, Pauline-Anna, Marion, Tania, Auriane, Anastasia, Clarisse, Chloé, Cilia, Camille, Fanny, César, Marie, Cassandra, Loris, Sarah, Mélanie, Sarah et Axel pour leur participation à la rédaction de cet article et pour faire chanter en classe (comme ailleurs) les couleurs de la vie !

Merci à Pierre Vallauri, président de l'association du musée d'art contemporain Arteum et à la ville de Châteauneuf-le-Rouge de nous avoir accueillis. On trouve le site du musée pour se tenir informé des expositions ICI

Et notre admiration pour les travaux des artistes, Gabriel Delprat, Gérard Eppelé, Michel Houssin et Heribert Maria Staub

vendredi 25 novembre 2011

a.clif, expose aux oblats


du 9 au 31 décembre 2011
A.Clif
&

Dominique Dessolin
OMI aumônier des artistes

annoncent l'exposition
La vie inscrit le temps


Vernissage le samedi 10 décembre 2011 à partir de 18 h


Anne-Claude Ferdinand, au cloître des Oblats
54, cours Mirabeau
13100 Aix en Provence

ouvert tous les jours sauf les lundis de 15h à 19h et les dimanches de 10h30 à 17h.


Pour accéder au site d'A. Clif, cliquez ici

A partir de la pratique du dessin, de la peinture, de la photographie du volume, j' explore les procédés traditionnels et numériques qui convoquent le traitement de l'espace et ses propriétés d'extension et de densification.

Le minéral est également au centre de mon travail actuel. Il instaure un rapport entre l' existence et l'essence de la matière et le silence métaphysique du vide.

Chercher dans la terre les formes essentielles extraites des profonds gisements de la matière et les orienter dans le temps et l'espace, me permettent d'exprimer la vie dans la succession des les strates que révèlent les procédés de retrait et de dissolution... (extraits d'une page du site d'A. Clif)


Parallèlement aux travaux mentionnés ci-dessus, Anne-Claude Ferdinand exposera neufs panneaux retraçant les étapes d'une maternité ...

breakfast , jan svankmajer


Jan Svankmajer est un cinéaste et artiste surréaliste né à Prague en 1934 dont l'influence sur d'autres artistes est considérable ....
Retrouvez un article ici

la nuit je mens , alain bashung


troublant film trouble dans la nuit, au gré des figures que l'on aperçoit et que l'on croit reconnaître.

un jour sans erreur, jp nataf


un enregistrement en appartement qui ne donne pas un son aussi parfait que sur d'autres vidéos, mais que je préfère pour l'ambiance et le concept de l'art en appart ...
J'aime beaucoup l'image que je revisite avec mes propres souvenirs, du caillou que l'on ramasse, que l'on tient dans la paume de sa main et que l'on offre ensuite comme un coeur chaleureux à la main amie. Y a-t-il de présents plus précieux que ceux d'un alchimiste qui transforme les pierres en perles?

et puis, allez écouter aussi :
Les lacets
Ovale Lune
Elle
et ce sera toujours au gré de vos oreilles ...

mercredi 23 novembre 2011

la taille de mon âme daniel darc


"Il n'y a sans doute que lui pour nous entraîner dans ses longs monologues un peu plaintifs, un peu ironiques, plus parlés que chantés, qui ont le don de toucher sans qu'on sache exactement pourquoi - ou peut-être justement parce que la sécheresse apparente de leurs mots jette une lumière crue, et parfois aveuglante, sur la sincérité de leurs sentiments.

Daniel Darc, rescapé - cabossé - de Taxi Girl et des virées à haut risque, impose depuis plus de vingt ans sa drôle de voix blanche et nasale en ­solo, fédérant aussi bien les amateurs de rock que de chanson. On l'aime pour ses urgences brûlées et brûlantes, la délicatesse de ses textes à nu ....."

un extrait de l'article de Valérie Lehoux, Télérama du 12 novembre 2011, à lire dans son intégralité en cliquant sur le lien ci-dessous. Et, plein de chansons à retrouver sur Youtube ou sur Deezer et encore chez votre disquaire préféré. A vos oreilles...

Voici son site ici

Lien
http://www.telerama.fr/musiques/la-taille-de-mon-ame,74742.php

et depuis le 1er décembre, un article des Inrocks à lire là

samedi 19 novembre 2011

michel houssin, article de christiane courbon paru


Un article de Christiane Courbon à propos des dessins de Michel Houssin, paru dans la Provence du 18 novembre 2011.
Michel Houssin est actuellement exposé dans la Galerie Alain Paire, rue du Puits Neuf à Aix-en-Provence , jusqu'au 26 novembre et au musée Arteum de Châteauneuf-le-Rouge.

mercredi 16 novembre 2011

dispute entre f. beigbeder et f.bon à propos de l'avenir du livre. support papier ou format numérique?

Cela fait penser à un sujet de dissertation: le livre numérique est-il une apocalypse ?
L'article est publié par l'Express.fr - Culture , signé Laurent Martinet, le 15/11/2011 à 17h30, mis à jour le 16/11/2011 à 10h32. On pourra le lire dans son intégralité en cliquant sur le lien copié au-dessous.
Poursuivons: le dialogue entre Frédéric Beigdeder et François Bon oppose deux thèses que chacun a exprimées dans un livre et ceux-là ont la bonne idée d'être édités à peu près au même moment, nourrissant le débat de nos inquiétudes face à l'évolution de nos pratiques de lecteurs et le raz-de-marée numérique.
Premier bilan après l'Apocalypse de Frédéric Beigbeder annonce le livre numérique comme la fin du monde littéraire, des libraires et des librairies, et même du roman. François Bon, que l'on sait intéressé depuis longtemps par la question du livre numérique, qui a crée deux sites, Le tierslivre.net et remue.net , dit souhaiter, dans Après le livre, que les auteurs accompagnent et expérimentent la mutation en cours....

Cliquez au dessous pour lire leur entretien
http://www.lexpress.fr/culture/livre/frederic-beigbeder-face-a-francois-bon-le-livre-numerique-est-il-une-apocalypse_1051089.html

mardi 15 novembre 2011

danse indienne , bharatanatyam


Je montre ici un film de danse sacrée de l'Inde du sud. L'origine du nom Bharata natyam provient de Bharata, le nom indien de l'Inde et de natyam, le mot tamoul pour danse.
Art martial à la base, elle était liée aux pratiques religieuses dès son origine. Avec le temps, elle fut interdite sous la domination anglaise, mais autorisée dans les comptoirs français (Sud du pays). Ce n'est qu'au XXe siècle qu'elle a été réhabilitée.

Le bharata natyam est une danse de soliste dont l'apprentissage est très difficile et très long. Souvent enseignée aujourd'hui aux jeunes filles, elle est restée ouverte aux garçons.

J'ai assisté à une danse analogue à celle montrée dans ce film. La danse à laquelle j'ai assisté était une danse dédiée au sentiment amoureux, elle comportait cinq phases: tout d'abord le sentiment d'amour en lui-même qui est dans la culture indienne une des émotions premières. Puis, l'amour de la mère, amour maternel inconditionnel. Suivait l'amour dévotionnel aux dieux. Venait après, la rencontre amoureuse, enfin, l'amour au grand dieu cosmique Shiva.

J'ai été très impressionnée par cette danse dont j'ignorais tout. La jeune danseuse Laxmi, française voyageant souvent en Inde, a dans son enfance suivi une formation à la danse contemporaine et c'est au cours de ses voyages longs et fréquents, avec ses parents, puis seule, qu'elle s'est intéressée puis initiée à la danse traditionnelle sacrée du sud de l'Inde. Ce n'est pas elle que l'on voit sur le film, mais c'est elle qui inspire la publication de ce message. Elle part en Inde dans deux semaines pour un voyage de plusieurs mois et si tout se passe comme espéré, elle reviendra avec des danseurs et des musiciens pour présenter d'autres spectacles.

La danse traditionnelle indienne étant très codifiée autant pour la gestuelle que pour les postures, je retrouve dans ces images beaucoup de celles que j'ai pu voir durant le spectacle.

J'ai beaucoup aimé l'espièglerie qu'il y avait parfois dans l'expression de ce sentiment qui était approché sous ses différentes facettes.

samedi 12 novembre 2011

un film documentaire sur andré nègre



Dans sa maison marseillaise en contrebas du rocher de Notre Dame de la Garde, André Nègre, recevait dimanche dernier des amis, des proches, des partenaires de travail de longue date pour assister à la projection d’un film réalisé par Léa Torreadrado vidéaste-réalisatrice et Alain Louedec réalisateur retraçant sa carrière de restaurateur de tableau, d’encadreur et de galeriste à Marseille dans l’atelier-galerie au 25 Cours d’Estienne D’Orves, au dessus de la librairie-galerie-restaurant des Arcenaulx et des éditions Jeanne Lafitte .

Une des qualités de ce film d’une demi-heure est d’avoir su montrer comment le travail mené par André Nègre, pour promouvoir l’art contemporain à Marseille, des années soixante jusqu’au début des années quatre-vingt-dix s’accompagna de sincères amitiés et de complicité avec les artistes qui lui confiaient leurs œuvres à encadrer et parfois, à vendre. Parce qu’il était passionné d’art et occupait une place où il pouvait aider à la diffusion des œuvres des artistes dont il aimait le travail, il joua un rôle majeur dans la cité phocéenne, d’une manière analogue à celle de Jean-Pierre Alis dans la Galerie Athanor, 5 rue de la Taulière ou de Bernard Plasse avec la Galerie du Tableau, 37 rue de Sylvabelle .


André Nègre et Alain Paire

Dans le film, André Nègre raconte le travail, les rencontres, les artistes et les amis, tels Pascal Verbena, Jean-Jacques Ceccarelli, Pierre Ledda, Yvan Daumas - dont il collectionne les œuvres - et une époque reprend vie… Les amis artistes se succèdent pour témoigner. Jean-Jacques Surian qui commença à exposer à Marseille en 1965 est un témoin précieux pour évoquer la scène artistique marseillaise et son amicale relation de travail avec André Nègre. Il en est de même pour le peintre Claude Langlois, ami d’enfance d’Yvan Daumas - qui fut aussi son professeur d’art - qui commença d’exposer dans les années quatre-vingts. Alain Paire, galeriste à Aix-en-Provence, 30 rue du Puits Neuf, fin connaisseur d’histoire de l’art et de la grande majorité des artistes de la région sait replacer tous ces acteurs dans une perspective historique autant qu’artistique. Le film montre des images de la rencontre d’un peintre et de Léo Ferré pour attester que Marseille attirait les artistes les plus connus, se tenait à l’écoute du monde et rayonnait...


André Nègre et Alain Paire

Si le début du documentaire ouvre sur des considérations assez pessimistes sur la situation de l’art à Marseille aujourd’hui, une décennie après le début d’un vingt-et-unième siècle plombé par les crises économiques, celles-ci me semblent peut-être soufflées par la nostalgie d’une époque et, par le regret d’avoir dû quitter d’une certaine manière la scène, de ne plus en être l’acteur, sans avoir tout à fait eu la possibilité de passer la main et de se reconnaître dans un successeur désigné ou évident.


Deuxième en partant de la droite, Claude Langlois et quatrième, Bernard Plasse.

Je crois pourtant, pour avoir été attentive aux témoignages, pour avoir parlé avec André Nègre , avec les réalisateurs du film ou simplement pour avoir regardé les artistes qui ont été ses partenaires de sa vie professionnelle, et qui d’une autre manière le sont encore, qu’il peut être satisfait et certain d’avoir été avec d’autres –parce que dans ce domaine on ne peut avancer seul - à l’époque où il pouvait jouer un rôle, un de ceux qui ont fait ce qu’il fallait faire et qui ont ainsi construit une histoire de l’art à Marseille qui fait référence internationalement et fournit aux nouvelles générations d’artistes, les identités auxquelles se référer pour se construire eux aussi.


Je voudrais, alors que le film est à peine achevé et cherche ses distributeurs, faire savoir qu’il existe, qu’il est le premier du genre à rendre hommage au travail d’André Nègre et qu’il est en ce sens une pièce maîtresse et indispensable pour témoigner de ce qu’à été la scène artistique marseillaise durant ces quelques décennies. Léa Torréadrado et Alain Louedec souhaiteraient prolonger le travail de documentation amorcé pour réaliser ce film, et dresser un panorama plus large et plus approfondi de l’art à Marseille du début des années soixante à la fin des années quatre-vingts qui ferait l'objet d'un second film.


La bande de la galerie, on reconnaît Pierre Ledda, deuxième figure en partant de la droite et Yvan Daumas, tout à fait à gauche.


Crédits photos: Chris Chappey et Florence Laude

Un article d'Alain Paire à propos du film réalisé sur André Nègre à lire ici